Simon CHABROL, 32 ans

Écriture et recherche indépendante (FR/EN)

Technicien de support IT

“Un Homme et une femme” (1966)

From 1966 to 2019, several French movies were produced around the themes of intimacy and sexuality. Initially filmed under heavy censorship, moviemakers were progressively able to speak more explicitly of these topics on screen. The goal of this article is to explore nearly a half century of French cinema. From “Un homme et une femme” (1966) made by Claude Lelouch to “Portrait de la jeune fille en feu” (2019) by Céline Sciamma. To contextualize this list, several historical highlights points are added to discuss the changes made within French society on the topic of sexuality.

De 1966 à 2019, plusieurs films français ont été produits autour des thèmes de l’intimité et de la sexualité. Initialement tournés sous une censure stricte, les cinéastes ont progressivement pu aborder ces sujets de manière plus explicite à l’écran. L’objectif de cet article est d’explorer près d’un demi-siècle de cinéma français, de « Un homme et une femme » (1966) de Claude Lelouch à « Portrait de la jeune fille en feu » (2019) de Céline Sciamma. Afin de contextualiser cette liste, plusieurs faits historiques marquants sont ajoutés afin d’évoquer les changements intervenus au sein de la société française sur le thème de la sexualité.


  1. Un homme et une femme (Claude Lelouch, 1966)
  2. Belle de jour (Luis Buñuel, 1967 — Franco-Italian production)
  3. Ma nuit chez Maud (Éric Rohmer, 1969)
  4. Les Choses de la vie (Claude Sautet, 1970)
  5. La Maman et la Putain (Jean Eustache, 1973)
  6. 37°2 le matin (Jean-Jacques Beineix, 1986)
  7. L’Amant (Jean-Jacques Annaud, 1992)
  8. Nymphomaniac (Lars von Trier, 2013 — Franco-Danish co-production)
  9. La Vie d’Adèle (Abdellatif Kechiche, 2013)
  10. Portrait de la jeune fille en feu (Céline Sciamma, 2019)
  11. Special mention : “Seul contre tous” & “Baise-Moi”
    1. Seul contre tous (I Stand Alone) — Gaspar Noé, 1998
    2. Baise-moi (Rape Me) — Virginie Despentes & Coralie Trinh Thi, 2000

1979 oral contraceptives (The U.S. Food and Drug Administration, Public domain, via Wikimedia Commons)

1966–1967

France in the mid-1960s remained socially conservative, with Catholic moral influence still strong. However, cultural currents of liberation were growing. The year 1967 marked a crucial reform: the Neuwirth Law legalized the sale of contraceptives, a landmark in women’s reproductive rights. This shift coincided with films like “Un homme et une femme” (1966) and “Belle de jour” (1967), which both explore emotional and sexual freedom within bourgeois constraints.

Au milieu des années 1960, la France restait socialement conservatrice, avec une influence morale catholique encore forte. Cependant, les courants culturels de libération se développaient. L’année 1967 marque une réforme cruciale : la loi Neuwirth légalise la vente de contraceptifs, une étape importante dans les droits reproductifs des femmes. Ce changement coïncide avec la sortie de films tels que « Un homme et une femme » (1966) et « Belle de jour » (1967), qui explorent tous deux la liberté émotionnelle et sexuelle dans le cadre des contraintes bourgeoises.

Un homme et une femme (Claude Lelouch, 1966)

A tender romance between two widowed individuals who find solace in each other’s company. Lelouch’s cinematography — marked by poetic editing and the famous Francis Lai score — captures emotional intimacy through glances and gestures rather than explicit scenes. The film is an ode to the resilience of love and the vulnerability of human connection.

Une tendre histoire d’amour entre deux veufs qui trouvent du réconfort dans la compagnie l’un de l’autre. La cinématographie de Lelouch, marquée par un montage poétique et la célèbre bande originale de Francis Lai, capture l’intimité émotionnelle à travers des regards et des gestes plutôt que des scènes explicites. Le film est une ode à la résilience de l’amour et à la vulnérabilité des relations humaines.

Belle de jour (Luis Buñuel, 1967 — Franco-Italian production)

Buñuel’s surreal masterpiece follows Séverine, a bourgeois housewife who becomes a daytime prostitute. Through dreams and fantasies, the film examines repression, desire, and the ambiguity of female sexuality. It blends social critique with erotic symbolism, offering a complex vision of liberation and confinement.

Le chef-d’œuvre surréaliste de Buñuel suit Séverine, une femme au foyer bourgeoise qui devient prostituée le jour. À travers des rêves et des fantasmes, le film explore la répression, le désir et l’ambiguïté de la sexualité féminine. Il mêle critique sociale et symbolisme érotique, offrant une vision complexe de la libération et de l’enfermement.

Women’s March in Washington — 1970 (Warren K. Leffler, Public domain)

1968–1970

The events of May 1968 radically challenged traditional morality. Student and worker uprisings called for sexual liberation, gender equality, and freedom of expression. Soon after, the feminist movement gained visibility, with the Mouvement de Libération des Femmes (MLF) emerging in 1970. Films like “Ma nuit chez Maud” (1969) and “Les Choses de la vie” (1970) reflects a France negotiating between introspection, modernity, and shifting values around intimacy.

Les événements de mai 1968 ont remis en question la morale traditionnelle. Les soulèvements étudiants et ouvriers ont appelé à la libération sexuelle, à l’égalité des sexes et à la liberté d’expression. Peu après, le mouvement féministe a gagné en visibilité, avec l’émergence du Mouvement de Libération des Femmes (MLF) en 1970. Des films comme « Ma nuit chez Maud » (1969) et « Les Choses de la vie » (1970) reflètent une France en proie à des tensions entre introspection, modernité et évolution des valeurs en matière d’intimité.

Ma nuit chez Maud (Éric Rohmer, 1969)

A philosophical exploration of desire and morality. The film centers on Jean-Louis, a devout Catholic, and his encounter with Maud, an intelligent and seductive woman. Their night together is filled with conversation, restraint, and introspection rather than physical intimacy. Rohmer’s film transforms erotic tension into moral reflection, emphasizing the sensuality of dialogue over action.

Une exploration philosophique du désir et de la moralité. Le film est centré sur Jean-Louis, un catholique fervent, et sa rencontre avec Maud, une femme intelligente et séduisante. Leur nuit ensemble est remplie de conversations, de retenue et d’introspection plutôt que d’intimité physique. Le film de Rohmer transforme la tension érotique en réflexion morale, mettant l’accent sur la sensualité du dialogue plutôt que sur l’action.

Les Choses de la vie (Claude Sautet, 1970)

A deeply human story about love, regret, and the passage of time. As Pierre reflects on his relationships after a car accident, Sautet reveals the tenderness and melancholy of everyday intimacy. The film’s quiet emotional power lies in its portrayal of the fleeting nature of connection and the beauty of imperfection.

Une histoire profondément humaine sur l’amour, le regret et le temps qui passe. Alors que Pierre réfléchit à ses relations après un accident de voiture, Sautet révèle la tendresse et la mélancolie de l’intimité quotidienne. La puissance émotionnelle discrète du film réside dans sa représentation de la nature éphémère des liens et de la beauté de l’imperfection.

La Maman et la Putain (Jean Eustache, 1973)

A three-hour dissection of post-1968 disillusionment, where endless conversation replaces action. The film follows Alexandre and his two lovers, capturing the tension between freedom and emotional dependency. Eustache turns sex and talk into a raw form of existential self-exposure, emblematic of the intellectual and sexual liberation of the era.

Une dissection de trois heures de la désillusion post-1968, où les conversations interminables remplacent l’action. Le film suit Alexandre et ses deux amantes, capturant la tension entre liberté et dépendance affective. Eustache transforme le sexe et la parole en une forme brute d’exposition existentielle de soi, emblématique de la libération intellectuelle et sexuelle de l’époque.

Simone Veil in 1979 (Claude Truong-Ngoc, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons)

1973–1975

Post-1968 France experienced an explosion of sexual discourse. The 1970s saw the legalization of abortion (Loi Veil, 1975) and an increasing visibility of feminist and LGBTQ+ voices. “La Maman et la Putain” (1973) embodies the contradictions of this era — intellectual freedom intertwined with emotional chaos. The sexual revolution was as much psychological as physical.

Après 1968, la France a connu une explosion du discours sur la sexualité. Les années 1970 ont vu la légalisation de l’avortement (loi Veil, 1975) et une visibilité croissante des voix féministes et LGBTQ+. « La Maman et la Putain » (1973) incarne les contradictions de cette époque, où la liberté intellectuelle s’entremêle au chaos émotionnel. La révolution sexuelle était autant psychologique que physique.

37°2 le matin (Jean-Jacques Beineix, 1986)

A passionate and destructive love story between Zorg and Betty. Beineix’s film, emblematic of the ‘cinéma du look’ movement, turns sexuality into a visceral expression of madness and devotion. The raw physicality of the couple contrasts with the bleakness of their emotional instability, making it one of the most intense portrayals of erotic love in French cinema.

Une histoire d’amour passionnée et destructrice entre Zorg et Betty. Le film de Beineix, emblématique du mouvement « cinéma du look », transforme la sexualité en une expression viscérale de folie et de dévotion. La physicalité brute du couple contraste avec la morosité de leur instabilité émotionnelle, ce qui en fait l’une des représentations les plus intenses de l’amour érotique dans le cinéma français.

1980–1986

Under President François Mitterrand, France entered a period of liberalization and cultural openness. However, the early 1980s also brought the AIDS crisis, profoundly reshaping perceptions of sexuality and risk. “37°2 le matin” (1986) emerged in this context, reflecting a raw, sensual intensity mixed with existential despair — a cinematic echo of both freedom and fear.

Sous la présidence de François Mitterrand, la France est entrée dans une période de libéralisation et d’ouverture culturelle. Cependant, le début des années 1980 a également été marqué par la crise du sida, qui a profondément bouleversé les perceptions de la sexualité et du risque. “37°2 le matin” (1986) est né dans ce contexte, reflétant une intensité brute et sensuelle mêlée à un désespoir existentiel, écho cinématographique à la fois de la liberté et de la peur.

L’Amant (Jean-Jacques Annaud, 1992)

Based on Marguerite Duras’ autobiographical novel, this film recounts a young French girl’s affair with a wealthy Chinese man in colonial Vietnam. Through its sensual cinematography, it explores themes of power, class, and awakening sexuality, merging eroticism with the melancholy of memory.

Basé sur le roman autobiographique de Marguerite Duras, ce film raconte l’histoire d’amour entre une jeune Française et un riche Chinois dans le Vietnam colonial. À travers une cinématographie sensuelle, il explore les thèmes du pouvoir, des classes sociales et de l’éveil de la sexualité, mêlant érotisme et mélancolie du souvenir.

1992–1994

The early 1990s continued debates about eroticism, censorship, and representation. “L’Amant” (1992) was released amid renewed interest in colonial memory and female sexuality. Meanwhile, France was grappling with discussions around gender parity and sexual harassment, as well as the lingering impact of AIDS awareness campaigns that promoted safe sex and education.

Au début des années 1990, les débats sur l’érotisme, la censure et la représentation se sont poursuivis. « L’Amant » (1992) est sorti dans un contexte de regain d’intérêt pour la mémoire coloniale et la sexualité féminine. Parallèlement, la France était en proie à des discussions sur la parité entre les sexes et le harcèlement sexuel, ainsi que sur l’impact persistant des campagnes de sensibilisation au sida qui encourageaient les rapports sexuels protégés et l’éducation sexuelle.

Nymphomaniac (Lars von Trier, 2013 — Franco-Danish co-production)

A confessional journey through the sexual experiences of a woman named Joe. While controversial, the film offers a philosophical inquiry into desire, shame, and self-destruction. Its French co-production and literary tone place it within the broader European tradition of erotic introspection.

Un parcours confessionnel à travers les expériences sexuelles d’une femme nommée Joe. Bien que controversé, le film propose une réflexion philosophique sur le désir, la honte et l’autodestruction. Sa coproduction française et son ton littéraire le placent dans la grande tradition européenne de l’introspection érotique.

La Vie d’Adèle (Abdellatif Kechiche, 2013)

An intimate coming-of-age story about Adèle’s passionate relationship with Emma. The film is both tender and explicit, blurring the lines between realism and voyeurism. It examines sexuality as a process of self-discovery, while also raising questions about the cinematic gaze and authenticity.

Une histoire intime sur le passage à l’âge adulte et la relation passionnée entre Adèle et Emma. À la fois tendre et explicite, le film brouille les frontières entre réalisme et voyeurisme. Il explore la sexualité comme un processus de découverte de soi, tout en soulevant des questions sur le regard cinématographique et l’authenticité.

Two men kissing during a protest in favor of the same-sex marriage legislation in Strabourg — 4 May 2013 (Claude Truong-Ngoc, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons)

2013

The year of “La Vie d’Adèle”s release coincided with a major cultural battle: the legalization of same-sex marriage in France (‘Mariage pour tous’ law, passed in May 2013). The film’s depiction of lesbian love became part of a broader debate about representation, sexuality, and the authenticity of the female gaze. It marked a generational shift toward more diverse and open portrayals of intimacy.

L’année de la sortie de « La Vie d’Adèle » a coïncidé avec une bataille culturelle majeure : la légalisation du mariage homosexuel en France (loi « Mariage pour tous », adoptée en mai 2013). La représentation de l’amour lesbien dans le film s’est inscrite dans un débat plus large sur la représentation, la sexualité et l’authenticité du regard féminin. Elle a marqué un changement générationnel vers des représentations plus diverses et plus ouvertes de l’intimité.

Portrait de la jeune fille en feu (Céline Sciamma, 2019)

A visually stunning exploration of female desire and artistic creation. Set in the 18th century, it depicts the relationship between a painter and her subject. Sciamma’s film rejects the male gaze, portraying intimacy through observation, silence, and mutual recognition rather than possession or exposure.

Une exploration visuellement saisissante du désir féminin et de la création artistique. Se déroulant au XVIIIe siècle, ce film dépeint la relation entre une peintre et son modèle. Le film de Sciamma rejette le regard masculin, dépeignant l’intimité à travers l’observation, le silence et la reconnaissance mutuelle plutôt que la possession ou l’exposition.

2019

By the time “Portrait de la jeune fille en feu” was released, France had entered the #MeToo era. Public discourse around consent, gaze, and gender power had transformed. Céline Sciamma’s work epitomized a post-patriarchal cinematic approach, emphasizing mutual desire and equality rather than dominance or objectification.

Au moment de la sortie de « Portrait de la jeune fille en feu », la France était entrée dans l’ère #MeToo. Le discours public autour du consentement, du regard et du pouvoir entre les sexes avait changé. L’œuvre de Céline Sciamma incarne une approche cinématographique post-patriarcale, mettant l’accent sur le désir mutuel et l’égalité plutôt que sur la domination ou l’objectivation.

Special mention : “Seul contre tous” & “Baise-Moi”

These two movies explore the darkest and difficult aspects of sexuality. Respectively moral decay and taboo in “Seul contre tous”, sexual violence in “Baise-Moi”. Here are the short summaries of both films.

Ces deux films explorent les aspects les plus sombres et les plus difficiles de la sexualité. Respectivement la décadence morale et les tabous dans « Seul contre tous », la violence sexuelle dans « Baise-Moi ». Voici les résumés succincts des deux films.

Seul contre tous (I Stand Alone) — Gaspar Noé, 1998

Gaspar Noé’s debut feature is a brutal psychological portrait of isolation, rage, and moral decay. The film follows an unnamed butcher — introduced in Noé’s earlier short Carne — as he wanders through Paris after a failed attempt to rebuild his life. Fueled by bitterness, unemployment, and misanthropy, he descends into a spiral of inner monologue, resentment, and taboo desire, especially toward his estranged daughter. Through its confrontational narration, sudden bursts of violence, and frequent philosophical digressions, Seul contre tous dissects the psychology of a man disconnected from empathy and society. It’s less about sex than about the corrosion of intimacy and the alienation of the male body and mind in post-industrial France.

Le premier long métrage de Gaspar Noé est un portrait psychologique brutal de l’isolement, de la rage et de la décadence morale. Le film suit un boucher anonyme, présenté dans le court métrage précédent de Noé, Carne, alors qu’il erre dans Paris après avoir échoué à reconstruire sa vie. Rongé par l’amertume, le chômage et la misanthropie, il sombre dans une spirale de monologues intérieurs, de ressentiment et de désirs tabous, en particulier envers sa fille dont il est séparé. À travers sa narration conflictuelle, ses explosions soudaines de violence et ses fréquentes digressions philosophiques, Seul contre tous dissèque la psychologie d’un homme déconnecté de l’empathie et de la société. Il s’agit moins de sexe que de la corrosion de l’intimité et de l’aliénation du corps et de l’esprit masculins dans la France post-industrielle.

Baise-moi (Rape Me) — Virginie Despentes & Coralie Trinh Thi, 2000

Based on Virginie Despentes’ own novel, Baise-moi is a raw, explosive response to violence, misogyny, and sexual repression. The film follows Manu and Nadine, two women who, after surviving trauma and sexual assault, embark on a violent, sexually explicit road trip across France. Mixing pornography, revenge fantasy, and social critique, it pushes cinematic boundaries of representation. Despentes and Trinh Thi use explicit imagery not for eroticism but as political provocation, exposing how women’s rage and sexuality are censored or commodified. Banned in several countries and rated “X” in France, the film became a symbol of post-feminist revolt and the breakdown of taboos at the turn of the millennium.

Basé sur le roman éponyme de Virginie Despentes, Baise-moi est une réponse crue et explosive à la violence, à la misogynie et à la répression sexuelle. Le film suit Manu et Nadine, deux femmes qui, après avoir survécu à un traumatisme et à une agression sexuelle, se lancent dans un road trip violent et sexuellement explicite à travers la France. Mêlant pornographie, fantasmes de vengeance et critique sociale, il repousse les limites cinématographiques de la représentation. Despentes et Trinh Thi utilisent des images explicites non pas à des fins érotiques, mais comme provocation politique, exposant la manière dont la rage et la sexualité des femmes sont censurées ou marchandisées. Interdit dans plusieurs pays et classé « X » en France, le film est devenu un symbole de la révolte post-féministe et de la rupture des tabous au tournant du millénaire.

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