Simon CHABROL, 32 ans

Écriture et recherche indépendante (FR/EN)

Technicien de support IT

Can we map or represent sexuality through graphs, charts and maps ? Many attempts were made to quantify sexuality to measure and understand it. In this brief article, I selected 4 well-known charts, graphs and maps created to understand, measure and analyse human sexuality, from sexual orientation, to human sexual response, and sexual spectrum.

Peut-on cartographier ou représenter la sexualité à l’aide de graphiques, de tableaux et de cartes ? De nombreuses tentatives ont été faites pour quantifier la sexualité afin de la mesurer et de la comprendre. Dans ce bref article, j’ai sélectionné quatre tableaux, graphiques et cartes bien connus, créés pour comprendre, mesurer et analyser la sexualité humaine, depuis l’orientation sexuelle jusqu’à la réponse sexuelle humaine, en passant par le spectre sexuel.

  1. Kinsey Scale (1948 and 1953)
  2. Masters and Johnson — Male and Female Sexual Response Cycle (1966)
  3. AIDS Epidemiological Mapping (1981–1984)
  4. KSOG — Klein Sexual Orientation Grid (1985)
  5. Conclusions

Kinsey Scale (1948 and 1953)

The Kinsey Scale, introduced in Alfred Kinsey’s seminal work Sexual Behavior in the Human Male (1948) and later expanded in Sexual Behavior in the Human Female (1953), is one of the most influential tools ever created for understanding human sexual orientation. At a time when sexuality was widely viewed as a rigid binary — people were classified as either heterosexual or homosexual — the Kinsey Scale challenged prevailing assumptions by proposing that sexual orientation exists on a continuum. This concept radically transformed both scientific discourse and public understanding of sexuality.

L’échelle de Kinsey, introduite dans l’ouvrage fondateur d’Alfred Kinsey intitulé Sexual Behavior in the Human Male (1948) et développée par la suite dans Sexual Behavior in the Human Female (1953), est l’un des outils les plus influents jamais créés pour comprendre l’orientation sexuelle humaine. À une époque où la sexualité était largement considérée comme un système binaire rigide — les personnes étaient classées comme hétérosexuelles ou homosexuelles — , l’échelle de Kinsey a remis en question les hypothèses dominantes en proposant que l’orientation sexuelle existe sur un continuum. Ce concept a radicalement transformé à la fois le discours scientifique et la compréhension publique de la sexualité.

The scale ranges from 0 to 6, where 0 represents exclusively heterosexual behavior or attraction, 6 represents exclusively homosexual behavior or attraction, and the points in between reflect varying degrees of bisexuality or fluidity. Kinsey’s research relied on tens of thousands of interviews, in which participants were asked detailed questions about their behaviors, experiences, and responses. Through this data, Kinsey found that many individuals did not fit neatly into heterosexual or homosexual categories. Instead, he observed a significant number of participants who reported attractions or behaviors that spanned both ends of the spectrum. The scale, therefore, provided a simple yet powerful visual representation of this diversity.

L’échelle va de 0 à 6, où 0 représente un comportement ou une attirance exclusivement hétérosexuels, 6 représente un comportement ou une attirance exclusivement homosexuels, et les points intermédiaires reflètent différents degrés de bisexualité ou de fluidité. Les recherches de Kinsey s’appuyaient sur des dizaines de milliers d’entretiens, au cours desquels les participants devaient répondre à des questions détaillées sur leurs comportements, leurs expériences et leurs réactions. Grâce à ces données, Kinsey a découvert que de nombreuses personnes ne correspondaient pas parfaitement aux catégories hétérosexuelle ou homosexuelle. Il a plutôt observé qu’un nombre important de participants déclaraient avoir des attirances ou des comportements qui couvraient les deux extrémités du spectre. L’échelle offrait donc une représentation visuelle simple mais puissante de cette diversité.

One of the scale’s strengths is its ability to capture behavioral fluidity. Kinsey emphasized that sexual behavior could change across a person’s lifetime, influenced by context, opportunity, emotional intimacy, and personal development. Although the scale primarily measured behavior, not identity or fantasy, it helped reveal that sexual orientation could not be reduced to categorical labels. This insight laid the foundation for modern understandings of sexual fluidity, bisexuality, and spectrum-based identities.

L’un des points forts de cette échelle est sa capacité à saisir la fluidité comportementale. Kinsey a souligné que le comportement sexuel pouvait évoluer au cours de la vie d’une personne, sous l’influence du contexte, des opportunités, de l’intimité émotionnelle et du développement personnel. Bien que l’échelle mesure principalement le comportement, et non l’identité ou les fantasmes, elle a contribué à révéler que l’orientation sexuelle ne pouvait être réduite à des étiquettes catégoriques. Cette idée a jeté les bases de la compréhension moderne de la fluidité sexuelle, de la bisexualité et des identités basées sur un spectre.

Masters and Johnson — Male and Female Sexual Response Cycle (1966)

The Sexual Response Cycle, developed by William Masters and Virginia Johnson in the 1960s, is one of the most influential models in the history of sexology. Introduced in Human Sexual Response (1966), it was based on extensive laboratory research involving direct physiological observation of thousands of sexual responses. At a time when scientific understanding of sexuality was limited and often speculative, Masters and Johnson provided an empirical, measurable framework that redefined how sexual arousal and orgasm were understood.

Le cycle de la réponse sexuelle, développé par William Masters et Virginia Johnson dans les années 1960, est l’un des modèles les plus influents de l’histoire de la sexologie. Présenté dans Human Sexual Response (1966), il s’appuyait sur des recherches approfondies en laboratoire impliquant l’observation physiologique directe de milliers de réponses sexuelles. À une époque où la compréhension scientifique de la sexualité était limitée et souvent spéculative, Masters et Johnson ont fourni un cadre empirique et mesurable qui a redéfini la manière dont l’excitation sexuelle et l’orgasme étaient compris.

The model originally consisted of four stages: Excitement, Plateau, Orgasm, and Resolution. Each phase describes distinct physiological and psychological responses to sexual stimulation. The Excitement phase marks the onset of sexual arousal, including increased heart rate, vasocongestion, lubrication, and erectile response. The Plateau phase involves intensified arousal as the body prepares for orgasm. The Orgasm phase is characterized by rhythmic muscular contractions, heightened pleasure, and the release of sexual tension. Finally, the Resolution phase represents a return to baseline functioning, often accompanied by feelings of relaxation and satisfaction.

Le modèle comprenait à l’origine quatre phases : l’excitation, le plateau, l’orgasme et la résolution. Chaque phase décrit des réponses physiologiques et psychologiques distinctes à la stimulation sexuelle. La phase d’excitation marque le début de l’excitation sexuelle, notamment une augmentation du rythme cardiaque, une congestion vasculaire, une lubrification et une réponse érectile. La phase de plateau implique une excitation intensifiée alors que le corps se prépare à l’orgasme. La phase d’orgasme se caractérise par des contractions musculaires rythmiques, un plaisir accru et la libération de la tension sexuelle. Enfin, la phase de résolution représente un retour au fonctionnement de base, souvent accompagné d’un sentiment de relaxation et de satisfaction.

One of the landmark findings of Masters and Johnson’s work was the discovery that women are capable of multiple orgasms, challenging long-standing myths rooted in Victorian-era assumptions about female sexuality. They also demonstrated that the physiological processes of sexual arousal are remarkably similar across genders. These insights laid the groundwork for modern sex therapy, particularly in the treatment of sexual dysfunctions such as erectile difficulties, anorgasmia, and vaginismus.

L’une des découvertes marquantes des travaux de Masters et Johnson a été de démontrer que les femmes sont capables d’avoir des orgasmes multiples, remettant ainsi en question les mythes ancestraux issus des préjugés victoriens sur la sexualité féminine. Ils ont également démontré que les processus physiologiques de l’excitation sexuelle sont remarquablement similaires chez les deux sexes. Ces découvertes ont jeté les bases de la sexothérapie moderne, en particulier dans le traitement des dysfonctionnements sexuels tels que les troubles de l’érection, l’anorgasmie et le vaginisme.

However, the model has also received critiques, particularly for its linear structure. Critics argue that many people — especially women — do not experience sexual arousal in a predictable sequence. This has led to the development of nonlinear models, such as Rosemary Basson’s Circular Model of Female Sexual Response, which better addresses contextual and emotional factors. Nonetheless, Masters and Johnson’s model remains foundational because it was the first to systematically document the physiological mechanisms underlying sexual response.

Cependant, ce modèle a également fait l’objet de critiques, notamment en raison de sa structure linéaire. Les détracteurs affirment que de nombreuses personnes, en particulier les femmes, ne connaissent pas une excitation sexuelle suivant une séquence prévisible. Cela a conduit à l’élaboration de modèles non linéaires, tels que le modèle circulaire de la réponse sexuelle féminine de Rosemary Basson, qui tient mieux compte des facteurs contextuels et émotionnels. Néanmoins, le modèle de Masters et Johnson reste fondamental, car il a été le premier à documenter de manière systématique les mécanismes physiologiques qui sous-tendent la réponse sexuelle.

AIDS Epidemiological Mapping (1981–1984)

In the early 1980s, before the discovery of HIV and before the medical community even understood the nature of the emerging syndrome, epidemiologists at the U.S. Centers for Disease Control (CDC) developed some of the first network-based maps of disease transmission. These visualizations, created between 1981 and 1984, became foundational for understanding what would later be identified as AIDS. At a time when the idea of sexually transmitted immune failure was still unthinkable, these maps provided one of the earliest indications that the syndrome was infectious, transmissible, and spreading through interpersonal contact networks rather than environmental or toxic exposures.

Au début des années 1980, avant la découverte du VIH et avant même que la communauté médicale ne comprenne la nature du syndrome émergent, les épidémiologistes des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) des États-Unis ont élaboré certaines des premières cartes réseau de transmission des maladies. Ces visualisations, créées entre 1981 et 1984, ont servi de base à la compréhension de ce qui allait plus tard être identifié comme le sida. À une époque où l’idée d’une défaillance immunitaire transmise sexuellement était encore inconcevable, ces cartes ont fourni l’une des premières indications que le syndrome était infectieux, transmissible et se propageait par le biais de réseaux de contacts interpersonnels plutôt que par une exposition environnementale ou toxique.

The CDC’s best-known diagram, often referred to as the “cluster study”, charted the interactions of a group of early patients in Los Angeles, San Francisco, New York, and Toronto. The map did not attempt to locate a geographic origin; instead, it visualized the links between individuals, represented as nodes connected by lines indicating documented sexual contact. This approach was groundbreaking. Until then, epidemiology had focused heavily on geographical maps — plots of disease incidence over cities or regions. In contrast, the early AIDS cluster map was a true network graph, anticipating contemporary social-network epidemiology. Le diagramme le plus connu du CDC, souvent appelé « étude de regroupement », représentait les interactions d’un groupe de patients précoces à Los Angeles, San Francisco, New York et Toronto.

La carte ne cherchait pas à localiser une origine géographique, mais à visualiser les liens entre les individus, représentés par des nœuds reliés par des lignes indiquant les contacts sexuels documentés. Cette approche était révolutionnaire. Jusqu’alors, l’épidémiologie s’était fortement concentrée sur les cartes géographiques, qui représentaient l’incidence des maladies dans les villes ou les régions. En revanche, la première carte des clusters du sida était un véritable graphique de réseau, anticipant l’épidémiologie contemporaine des réseaux sociaux.

The most controversial legacy of this map involves the later media creation of “Patient Zero.” In the original data, one patient was labeled “Patient O”, meaning “Out-of-State” relative to the Los Angeles cluster. A misreading of this code transformed “O” into “0,” and journalists later exaggerated this into the idea of a single origin point for the epidemic. In reality, the CDC scientists never sought to identify a culprit or original transmitter, and modern historical and genetic research has definitively shown that the epidemic was already widespread in North America before any of these individuals were identified. The purpose of the map was purely scientific: to understand patterns, not blame individuals.

L’héritage le plus controversé de cette carte concerne la création ultérieure par les médias du « patient zéro ». Dans les données originales, un patient était désigné sous le nom de « patient O », signifiant « hors de l’État » par rapport au cluster de Los Angeles. Une mauvaise interprétation de ce code a transformé « O » en « 0 », et les journalistes ont ensuite suggéré cette idée pour en faire le point d’origine unique de l’épidémie. En réalité, les scientifiques du CDC n’ont jamais cherché à identifier un coupable ou un transmetteur original, et les recherches historiques et génétiques modernes ont définitivement montré que l’épidémie était déjà répandue en Amérique du Nord avant que ces personnes ne soient identifiées. L’objectif de la carte était purement scientifique : comprendre les schémas, et non blâmer des individus.

KSOG — Klein Sexual Orientation Grid (1985)

The Klein Sexual Orientation Grid, developed by sexologist Fritz Klein and first published in The Bisexual Option (1985), is one of the most comprehensive tools ever created to measure sexual orientation. Unlike the Kinsey Scale, which relies on a single continuum, the KSOG proposes a multidimensional approach that acknowledges the complexity, variability, and fluidity of sexual identity. It was especially groundbreaking for its ability to represent bisexuality, asexuality, and other non-monosexual identities with far greater nuance.

La grille d’orientation sexuelle de Klein, développée par le sexologue Fritz Klein et publiée pour la première fois dans The Bisexual Option (1985), est l’un des outils les plus complets jamais créés pour mesurer l’orientation sexuelle. Contrairement à l’échelle de Kinsey, qui repose sur un continuum unique, la KSOG propose une approche multidimensionnelle qui reconnaît la complexité, la variabilité et la fluidité de l’identité sexuelle. Elle a été particulièrement révolutionnaire en raison de sa capacité à représenter la bisexualité, l’asexualité et d’autres identités non monosexuelles avec beaucoup plus de nuances.

The KSOG consists of seven dimensions, each representing a distinct facet of sexual orientation:

  1. Sexual Attraction
  2. Sexual Behavior
  3. Sexual Fantasies
  4. Emotional Preference
  5. Social Preference
  6. Lifestyle Preference
  7. Self-Identification

Le KSOG comprend sept dimensions, chacune représentant une facette distincte de l’orientation sexuelle :

  1. Attirance sexuelle
  2. Comportement sexuel
  3. Fantasmes sexuels
  4. Préférence émotionnelle
  5. Préférence sociale
  6. Préférence en matière de mode de vie
  7. Auto-identification

These dimensions are evaluated across three time periods: Past, Present, and Ideal (or Future). This creates a 21-cell matrix that allows individuals to express their orientation as a dynamic and evolving experience. For example, a person may have predominantly heterosexual behavior in the past, more bisexual fantasies in the present, and an ideal future that includes emotional intimacy with multiple genders. Such variations are impossible to capture in single-axis scales. Each KSOG dimension is typically rated on a seven-point scale, similar to Kinsey’s 0–6 continuum, but the multidimensional framework provides depth. It differentiates between what a person does, wants, imagines, feels emotionally, or identifies with — categories that can align or diverge significantly. Research has shown that many individuals experience discrepancies between their sexual behavior and sexual fantasies, or between their social environment and their ideal identity. KSOG acknowledges and validates these complexities.

Ces dimensions sont évaluées sur trois périodes : le passé, le présent et l’idéal (ou le futur). Cela crée une matrice à 21 cellules qui permet aux individus d’exprimer leur orientation comme une expérience dynamique et évolutive. Par exemple, une personne peut avoir eu un comportement principalement hétérosexuel dans le passé, avoir davantage de fantasmes bisexuels dans le présent et envisager un futur idéal incluant une intimité émotionnelle avec plusieurs genres. De telles variations sont impossibles à saisir dans des échelles à axe unique. Chaque dimension KSOG est généralement évaluée sur une échelle de sept points, similaire au continuum 0–6 de Kinsey, mais le cadre multidimensionnel apporte une plus grande profondeur. Il fait la distinction entre ce qu’une personne fait, veut, imagine, ressent émotionnellement ou avec quoi elle s’identifie, des catégories qui peuvent s’aligner ou diverger de manière significative. Des recherches ont montré que de nombreuses personnes connaissent des divergences entre leur comportement sexuel et leurs fantasmes sexuels, ou entre leur environnement social et leur identité idéale. Le KSOG reconnaît et valide ces complexités.

The grid also includes aspects of social and emotional orientation, which are often overlooked in simple models. Emotional and social preferences reflect the genders with whom people feel most comfortable forming intimate relationships or friendships. These dimensions help capture romantic orientation — an important distinction for people who experience different patterns of sexual and romantic attraction, including aromantic or heteroromantic bisexual individuals. Another major innovation of the KSOG is its recognition of temporal fluidity. Klein argued that sexual orientation should not be seen as fixed; instead, it changes across life stages due to personal growth, social context, and emotional development. This perspective was highly influential in later research on sexual fluidity and identity evolution.

La grille inclut également des aspects liés à l’orientation sociale et émotionnelle, qui sont souvent négligés dans les modèles simplistes. Les préférences émotionnelles et sociales reflètent les genres avec lesquels les personnes se sentent le plus à l’aise pour nouer des relations intimes ou amicales. Ces dimensions permettent de mieux cerner l’orientation romantique, une distinction importante pour les personnes qui éprouvent différents types d’attirance sexuelle et romantique, notamment les personnes bisexuelles aromantiques ou hétéro-romantiques. Une autre innovation majeure du KSOG est sa reconnaissance de la fluidité temporelle. Klein a fait valoir que l’orientation sexuelle ne doit pas être considérée comme fixe, mais qu’elle évolue au cours des différentes étapes de la vie en fonction de la croissance personnelle, du contexte social et du développement émotionnel. Cette perspective a eu une grande influence sur les recherches ultérieures sur la fluidité sexuelle et l’évolution de l’identité.

Conclusions

With this article, we had the opportunity to discover (or re-discover) key historical visual models to understand, analyze and map human sexuality. From sexual orientation to epidemiological mapping, these models allow researchers, health services and even the general public to explore sexuality as a quantifiable and measurable topic.

Cet article nous a permis de découvrir (ou redécouvrir) des modèles visuels historiques clés pour comprendre, analyser et cartographier la sexualité humaine. De l’orientation sexuelle à la cartographie épidémiologique, ces modèles permettent aux chercheurs, aux services de santé et même au grand public d’explorer la sexualité comme un sujet quantifiable et mesurable.

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