A memory of me as a child : footage on French TV of Milosevic discussing with ministers, some others of Sarajevo (people hiding in basements). A memory of me older : me listening to songs of Yugoslavian bands like “Idoli”, “Haustor” or “Azra”; what is now called on the internet “Yugowave”. What I’m going to discuss today is the gravity of the breakup of Yugoslavia. Contrary to what occurred in the Communist world with peaceful (or at least progressive) collapse/transformation like in China, Soviet Union and in Eastern Europe directly tied to the end of communist rules; what happened in Yugoslavia was tied to nationalism and hatred between communities. The communist rules downfall being more of a subtext than the main topic. So, what remains of a country who disappeared amid complete chaos, genocide and inter-ethnic violence ?
Un souvenir de mon enfance : des images diffusées à la télévision française montrant Milosevic en discussion avec des ministres, d’autres images de Sarajevo (des gens se cachant dans des caves). Un souvenir de moi plus âgé : moi écoutant des chansons de groupes yougoslaves comme « Idoli », « Haustor » ou « Azra » ; ce qu’on appelle aujourd’hui sur Internet « Yugowave ». Ce dont je vais parler aujourd’hui, c’est de la gravité de l’éclatement de la Yougoslavie. Contrairement à ce qui s’est passé dans le monde communiste avec un effondrement/une transformation pacifique (ou du moins progressive) comme en Chine, en Union soviétique et en Europe de l’Est, directement lié à la fin du régime communiste, ce qui s’est passé en Yougoslavie était lié au nationalisme et à la haine entre les communautés. La chute du régime communiste étant davantage un sous-texte que le sujet principal. Que reste-t-il donc d’un pays qui a disparu dans le chaos total, le génocide et les violences interethniques ?
The breakup and war
Before the breakup, it’s important to remember the history of Yugoslavia. Originally, the country was a monarchy called “Kingdom of Serbs, Croats and Slovenes” from 1918 to 1929, then “Yugoslavia” until 1941. As a reminder, the region was conquered by the Ottoman Empire during the year 1400–1500 — an historical reason to explain the presence of Islam in this part of Europe. The region was invaded by Nazi Germany in 1941. The Nazi invasion and occupation of Yugoslavia is a key element to understand why the breakup was so brutal. When taking control of the Kingdom of Yugoslavia, several minorities started to be involved with Nazi authorities and took part in the Holocaust. The Ustashas (Croatian nationalists) took part in several mass executions targeting Jews, Romani and Serbs. The Chetniks (Originally, Serb nationalists) while resisting Nazi Germany gradually collaborated by ethnic-cleansing against non-Serbs in several regions. Amid these violences, the Partisans (a communist group led by Josip Broz Tito) led the resistance against Nazi Germany and astonishingly : the Partisans were able to liberate Yugoslavia on their own (something unusual during the WW2 : French resistance actions were marginal, and most of the Eastern Europe was freed with the assistance of the Soviet Army).
Avant la dissolution, il est important de rappeler l’histoire de la Yougoslavie. À l’origine, le pays était une monarchie appelée « Royaume des Serbes, Croates et Slovènes » de 1918 à 1929, puis « Yougoslavie » jusqu’en 1941. Pour rappel, la région a été conquise par l’Empire ottoman entre 1400 et 1500, ce qui explique la présence de l’islam dans cette partie de l’Europe. La région a été envahie par l’Allemagne nazie en 1941. L’invasion et l’occupation nazie de la Yougoslavie sont un élément clé pour comprendre pourquoi l’éclatement a été si brutal. Lorsqu’elles ont pris le contrôle du royaume de Yougoslavie, plusieurs minorités ont commencé à s’impliquer auprès des autorités nazies et ont participé à l’Holocauste. Les Oustachis (nationalistes croates) ont pris part à plusieurs exécutions massives visant les Juifs, les Roms et les Serbes. Les Chetniks (à l’origine, des nationalistes serbes), tout en résistant à l’Allemagne nazie, ont progressivement collaboré au nettoyage ethnique des non-Serbes dans plusieurs régions. Au milieu de ces violences, les partisans (un groupe communiste dirigé par Josip Broz Tito) ont mené la résistance contre l’Allemagne nazie et, chose étonnante, ils ont réussi à libérer la Yougoslavie par leurs propres moyens (ce qui était inhabituel pendant la Seconde Guerre mondiale : les actions de la résistance française étaient marginales et la plupart des pays d’Europe de l’Est ont été libérés avec l’aide de l’armée soviétique).

Josip Broz Tito, born in 1892, was a conscript during WWI. He was progressively introduced to communist ideas and became an agitator during the inter-war period and was jailed for some time. Tito quickly took the lead of the Communist Party of Yugoslavia (CPY) and led the resistance during WW2 against the Nazis. His political career is similar to most communist leaders of the time. Stalin was jailed and deported several times, and became involved in communism in his youth. The same could be said of Ceausescu. Tito survived several assassination attempts during WW2.
Josip Broz Tito, né en 1892, a été conscrit pendant la Première Guerre mondiale. Il s’est progressivement familiarisé avec les idées communistes et est devenu un agitateur pendant l’entre-deux-guerres, ce qui lui a valu d’être emprisonné pendant un certain temps. Tito a rapidement pris la tête du Parti communiste yougoslave (PCY) et a dirigé la résistance contre les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Sa carrière politique est similaire à celle de la plupart des dirigeants communistes de l’époque. Staline a été emprisonné et déporté à plusieurs reprises, et s’est engagé dans le communisme dès sa jeunesse. On pourrait en dire autant de Ceausescu. Tito a survécu à plusieurs tentatives d’assassinat pendant la Seconde Guerre mondiale.
His ability to command the Partisans and his huge success against Nazi Germany were key contributors to his stature and then leading role in Yugoslavia. Another important fact : Tito was an ardent defender of Yugoslavia’s independence (he was against Stalin’s view on Eastern Europe and communism), and a proponent of a “third-way” for communism in Yugoslavia. Something important : Tito made sure to create a national myth of resistance against Nazi Germany. Like in several other countries after WW2 in Europe : it was important to rebuild a national identity when a large number of people/communities within countries were involved.
Sa capacité à commander les partisans et ses immenses succès contre l’Allemagne nazie ont largement contribué à sa stature et à son rôle de premier plan en Yougoslavie. Autre fait important : Tito était un fervent défenseur de l’indépendance de la Yougoslavie (il s’opposait à la vision de Staline sur l’Europe de l’Est et le communisme) et un partisan d’une « troisième voie » pour le communisme en Yougoslavie. Un élément important : Tito s’est assuré de créer un mythe national de résistance contre l’Allemagne nazie. Comme dans plusieurs autres pays après la Seconde Guerre mondiale en Europe, il était important de reconstruire une identité nationale lorsqu’un grand nombre de personnes/communautés au sein des pays étaient impliquées.
Like many other communist countries, Yugoslavia produced many propaganda posters. Here are some examples : a poster commemorating the First of May (1948), another one celebrating the building of the Highway of Brotherhood and Unity (1949) and a French-inspired poster for an arts festival (1960).
Comme beaucoup d’autres pays communistes, la Yougoslavie a produit de nombreuses affiches de propagande. En voici quelques exemples : une affiche commémorant le 1er mai (1948), une autre célébrant la construction de l’autoroute de la fraternité et de l’unité (1949) et une affiche d’inspiration française pour un festival artistique (1960).

This issue of national memory was not unique to Yugoslavia. Similar debates occurred in France — a controversy arose in the 1980s when François Mitterrand involvement with the Vichy government was known, and when it was discovered that several major figures of the collaboration were still running away or occupying top positions in the administration like Maurice Papon, or close to the president like René Bousquet The topic was particularly heated in Yugoslavia given the extent of violence committed by the Chetniks and the Ustashas. Tito chose to focus on national identity and to avoid the ethnicity of the victims : people killed were antifascists, not Jews, Romani or Serbs. This situation was like the official motto at the time “bratstvo i jedinstvo” (“brotherhood and unity”).
Cette question de la mémoire nationale n’était pas propre à la Yougoslavie. Des débats similaires ont eu lieu en France : une controverse a éclaté dans les années 1980 lorsque l’implication de François Mitterrand dans le gouvernement de Vichy a été révélée et qu’il a été découvert que plusieurs figures importantes de la collaboration étaient toujours en fuite ou occupaient des postes importants dans l’administration, comme Maurice Papon, ou proches du président, comme René Bousquet. Le sujet était particulièrement sensible en Yougoslavie, compte tenu de l’ampleur des violences commises par les Chetniks et les Oustachis. Tito a choisi de mettre l’accent sur l’identité nationale et d’éviter de mentionner l’origine ethnique des victimes : les personnes tuées étaient des antifascistes, et non des Juifs, des Roms ou des Serbes. Cette situation reflétait la devise officielle de l’époque, « bratstvo i jedinstvo » (« fraternité et unité »).
Tito initiated an original policy of “Socialist self-management” : it was some sort of a “third-way” between capitalism and state-oriented economy (like in the Soviet Union). It could be interpreted as part of what was called “Socialism with a human face”. If the results are debatable, the fact is that Yugoslavia was relatively prosperous compared to other communist countries : no shortages, strong exports (even if some products were cheap and of poor quality like the Yugo car), licensed products… It was some sort of economic miracle. Something important too was the ability of Yugoslavia to stay well connected outside the communist world, as testified by the US-Yugoslavia summit in 1978 (Jimmy Carter was the US president at the time).
Tito a lancé une politique originale d’« autogestion socialiste » : c’était une sorte de « troisième voie » entre le capitalisme et l’économie planifiée (comme en Union soviétique). On pourrait dire que ça faisait partie de ce qu’on appelait le « socialisme à visage humain ». Si les résultats sont discutables, le fait est que la Yougoslavie était relativement prospère par rapport aux autres pays communistes : pas de pénurie, des exportations importantes (même si certains produits étaient bon marché et de mauvaise qualité, comme la voiture Yugo), des produits sous licence… C’était une sorte de miracle économique. Un autre élément important était la capacité de la Yougoslavie à rester bien connectée en dehors du monde communiste, comme en témoigne le sommet américano-yougoslave de 1978 (Jimmy Carter était alors président des États-Unis).

While remaining relatively “open” on the outside, it was an authoritarian regime : political opponents were imprisoned as late as the 1980s. The “dream” ended by the late 1970s with the oil shock in 1973–1974 : Yugoslavia started to borrow money abroad. A movement was started to send workers abroad (especially in West Germany). Tito died in 1980. The following years proved difficult for Yugoslavia : debts, economic crisis and the first signs of ethnic tensions between communities. Some products of the time are still iconic today both for ex-Yugoslavians and foreigners. We can mention the Yugo cars (very inexpensive compact cars manufactured in Yugoslavia and exported abroad, especially the United States, but Yugo suffered from poor quality and lack of spare parts), the famous Startas smears and Cockta (an official alternative to replace the Coca-Cola in Yugoslavia).
Tout en restant relativement « ouvert » à l’extérieur, c’était un régime autoritaire : les opposants politiques étaient emprisonnés jusqu’à la fin des années 1980. Le « rêve » prit fin à la fin des années 1970 avec le choc pétrolier de 1973–1974 : la Yougoslavie commença à emprunter de l’argent à l’étranger. Un mouvement a été lancé pour envoyer des travailleurs à l’étranger (en particulier en Allemagne de l’Ouest). Tito est mort en 1980. Les années suivantes ont été difficiles pour la Yougoslavie : dettes, crises économiques et premiers signes de tensions ethniques entre les communautés. Certains produits de l’époque sont encore aujourd’hui emblématiques tant pour les anciens Yougoslaves que pour les étrangers. On peut citer les voitures Yugo (voitures compactes très bon marché fabriquées en Yougoslavie et exportées à l’étranger, notamment aux États-Unis, mais qui souffraient d’une mauvaise qualité et d’un manque de pièces détachées), les célèbres pâtes à tartiner Startas et le Cockta (une alternative officielle au Coca-Cola en Yougoslavie).

The early signs of what would be called the “Balkan wars” occurred in 1974, when the 1974 Yugoslavia Constitution was amended, which some interpreted as reducing Serbian influence within the federation.. The tensions rose slowly through the 1980s with several debates over Serbian influence, and culminated during the late 1980s. In 1981, massive protests took place in Kosovo (part of SR Serbia at the time) and people asked for more autonomy. The next serious incident was the 1989 Kosovo’s miner strike against the abolition of autonomy of the Province of Kosovo. While nationalism occurred in all republics of Yugoslavia, it was extremely powerful in Serbia under the guidance of Slobodan Milosevic.
Les premiers signes de ce qui allait être appelé les « guerres des Balkans » sont apparus en 1974, lorsque la Constitution yougoslave de 1974 a été amendée, ce que certains ont interprété comme une réduction de l’influence serbe au sein de la fédération. Les tensions ont lentement augmenté tout au long des années 1980, avec plusieurs débats sur l’influence serbe, et ont atteint leur paroxysme à la fin des années 1980. En 1981, des manifestations massives ont eu lieu au Kosovo (qui faisait alors partie de la République socialiste de Serbie) et la population a réclamé davantage d’autonomie. L’incident grave suivant a été la grève des mineurs du Kosovo en 1989 contre la suppression de l’autonomie de la province du Kosovo. Si le nationalisme était présent dans toutes les républiques de Yougoslavie, il était extrêmement puissant en Serbie sous la direction de Slobodan Milosevic.
Like in the Soviet Union, all independence/nationalist movements were ironically initiated and/or led to past members of the communist party (people who should normally have done everything to stay faithful to their past ideologies). But in Yugoslavia, ethnicity and/or religious heritage were the key drivers of the past communist officials to fulfill their political agendas. The fact too is that Yugoslavia could be described as a fragile state from the beginning : too many different nationalities with untreated past antagonism; especially those during WW2. Growing Serbian nationalism led to the “Anti-bureaucratic revolution” : a mini-revolution in Voivodine and Kosovo to overthrow officials and replace them with Serbian nationalists.
Comme en Union soviétique, tous les mouvements indépendantistes/nationalistes ont été ironiquement initiés et/ou dirigés par d’anciens membres du parti communiste (des personnes qui auraient normalement dû tout faire pour rester fidèles à leurs idéologies passées). Mais en Yougoslavie, l’ethnicité et/ou l’héritage religieux ont été les principaux moteurs qui ont poussé les anciens responsables communistes à réaliser leurs programmes politiques. Le fait est également que la Yougoslavie pouvait être décrite comme un État fragile dès le départ : trop de nationalités différentes avec des antagonismes passés non résolus, en particulier ceux de la Seconde Guerre mondiale. La montée du nationalisme serbe a conduit à la « révolution anti-bureaucratique » : une mini-révolution en Voïvodine et au Kosovo visant à renverser les responsables et à les remplacer par des nationalistes serbes.

Like in several communist countries across the world, the year 1990 saw several political changes in Yugoslavia. The CPY was in a huge crisis with the 14th Congress of the League of Communists of Yugoslavia. First multi-party elections were organized in all the republics of Yugoslavia : communists were largely overthrown. The top figures who emerged during these troubled times were Slobodan Milosevic (Serbia), Radovan Karadžić (Bosnia) and Franjo Tuđman (Croatia).
Comme dans plusieurs pays communistes à travers le monde, l’année 1990 a été marquée par plusieurs changements politiques en Yougoslavie. Le PCY a connu une crise majeure lors du 14e congrès de la Ligue des communistes de Yougoslavie. Les premières élections multipartites ont été organisées dans toutes les républiques de Yougoslavie : les communistes ont été largement renversés. Les personnalités qui se sont distinguées pendant cette période troublée sont Slobodan Milosevic (Serbie), Radovan Karadžić (Bosnie) et Franjo Tuđman (Croatie).

The next major incident was the “Log Revolution” when Serbs in Croatia used logs to set up blockades (something critical for tourism in the region). Several countries started to secede from Yugoslavia : Slovenia, Macedonia and Croatia in 1991, followed by Bosnia in 1992. What remained of Yugoslavia was the Federal Republic of Yugoslavia, or more exactly, the State Union of Serbia and Montenegro. To understand how explosive and complex the ethnic question was in Yugoslavia, here is a map of the 1981 census with all nationalities across the country. As one can see, several nationalities were dispersed and/or split across several republics of Yugoslavia. Serbian nationality is the most interesting case. Serbs were both in Serbia but also in Croatia and Bosnia, when other nationalities were generally confined to their historical land : Kosovars, Croatians, Bosniaks…
Le prochain incident majeur fut la « révolution des rondins », lorsque les Serbes de Croatie utilisèrent des rondins pour ériger des barrages (ce qui eut un impact considérable sur le tourisme dans la région). Plusieurs pays ont commencé à faire sécession de la Yougoslavie : la Slovénie, la Macédoine et la Croatie en 1991, suivies par la Bosnie en 1992. Il ne restait plus de la Yougoslavie que la République fédérale de Yougoslavie, ou plus exactement, l’Union étatique de Serbie-et-Monténégro. Pour comprendre à quel point la question ethnique était explosive et complexe en Yougoslavie, voici une carte du recensement de 1981 avec toutes les nationalités présentes dans le pays. Comme on peut le constater, plusieurs nationalités étaient dispersées et/ou réparties entre plusieurs républiques de Yougoslavie. La nationalité serbe est le cas le plus intéressant. Les Serbes étaient présents à la fois en Serbie, mais aussi en Croatie et en Bosnie, alors que les autres nationalités étaient généralement confinées à leur territoire historique : Kosovars, Croates, Bosniaques…

No solution could satisfy the Serbs given the situation. Either special rights for them in the newly created states, either the fight to keep Yugoslavia united. And then : the war broke out. It was the beginning of a decade-long conflict.
Aucune solution ne pouvait satisfaire les Serbes compte tenu de la situation. Soit des droits spéciaux pour eux dans les États nouvellement créés, soit la lutte pour maintenir l’unité de la Yougoslavie. Et puis : la guerre a éclaté. Ce fut le début d’un conflit qui allait durer dix ans.

What could have been a simple dissolution of a past communist country turned into the worst conflict on the European soil since WW2 : genocide, mass executions, camps, genocidal rapes, ethnic cleansing… The most “iconic” dramas were the siege of Sarajevo and the Srebrenica massacres.
Ce qui aurait pu être une simple dissolution d’un ancien pays communiste s’est transformé en le pire conflit sur le sol européen depuis la Seconde Guerre mondiale : génocide, exécutions massives, camps, viols génocidaires, nettoyage ethnique… Les drames les plus « emblématiques » ont été le siège de Sarajevo et les massacres de Srebrenica.

The siege of Sarajevo lasted three years. It was sometimes compared to the siege of Leningrad. Despite being heavily populated, the city was targeted daily by snipers and shelling. More than 5000 civilians died, among them, 1600 children. One of the most shameful events was the Markale market shelling. On 5 February 1994 : 68 people buying foodstuff were killed by mortar shelling.
Le siège de Sarajevo a duré trois ans. Il a parfois été comparé au siège de Leningrad. Malgré sa forte densité de population, la ville était quotidiennement la cible de tireurs embusqués et de bombardements. Plus de 5 000 civils ont trouvé la mort, dont 1 600 enfants. L’un des événements les plus honteux a été le bombardement du marché Markale. Le 5 février 1994, 68 personnes qui faisaient leurs courses ont été tuées par des tirs de mortier.
The Srebrenica massacre in July 1995 was shocking too. Bosniak Muslim men and boys were separated from women and girls. In theory, Bosniak men, women, and children were protected within the besieged Srebrenica enclave declared “safe-zone” by the UN. Serbians entered the area, and separated men and women. Unfortunately for the men and boys : they were killed. There were around 8000 of them. For the women and girls, the fate was unfortunate too : genocidal rapes and forced displacement. The conflict ended shortly after the beginning of the Kosovo war when the international community decided to put an end to the conflict. It escalated with the bombing of Serbia by NATO in 1999, followed by the overthrow of Milosevic in 2000.
Le massacre de Srebrenica en juillet 1995 a également été choquant. Les hommes et les garçons musulmans bosniaques ont été séparés des femmes et des filles. En théorie, les hommes, les femmes et les enfants bosniaques étaient protégés dans l’enclave assiégée de Srebrenica, déclarée « zone de sécurité » par l’ONU. Les Serbes sont entrés dans la zone et ont séparé les hommes et les femmes. Malheureusement pour les hommes et les garçons, ils ont été tués. Ils étaient environ 8 000. Pour les femmes et les filles, le sort fut tout aussi tragique : viols génocidaires et déplacements forcés. Le conflit prit fin peu après le début de la guerre du Kosovo, lorsque la communauté internationale décida d’y mettre un terme. Il s’intensifia avec le bombardement de la Serbie par l’OTAN en 1999, suivi du renversement de Milosevic en 2000.
What is still troubling to this day is why the international community took so much time to react ? The European community was divided at the time. While the independence of most ex-republics were recognized, it wasn’t until the Sarajevo siege that actions were taken. First by the UN setting up the UNPROFOR to conduct peacekeeping actions in Croatia and Bosnia in 1992 until 1995. In 1992, François Mitterrand — French president at the time — took a visit to the besieged Sarajevo. But serious actions were only taken with the Kosovo war. NATO and US took actions by bombing several targets in Serbia, putting the war to an end. The conflict could be tied to the Dayton agreement in 1995. It was then followed by the International Criminalité Tribunal for the former Yugoslavia with the indictment of several top figures of the time by the end of the 1990s : Milosevic, Ratko Mladic, Radovan Karadzic, Milan Babic…
Ce qui reste troublant aujourd’hui encore, c’est pourquoi la communauté internationale a mis autant de temps à réagir. La communauté européenne était divisée à l’époque. Alors que l’indépendance de la plupart des anciennes républiques était reconnue, ce n’est qu’après le siège de Sarajevo que des mesures ont été prises. Tout d’abord, l’ONU a mis en place la FORPRONU pour mener des opérations de maintien de la paix en Croatie et en Bosnie de 1992 à 1995. En 1992, François Mitterrand, alors président français, s’est rendu à Sarajevo, alors assiégée. Mais ce n’est qu’avec la guerre du Kosovo que des mesures sérieuses ont été prises. L’OTAN et les États-Unis ont bombardé plusieurs cibles en Serbie, mettant ainsi fin à la guerre. Le conflit a pu être réglé grâce à l’accord de Dayton en 1995. Il a ensuite été suivi par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, qui a inculpé plusieurs personnalités de l’époque à la fin des années 1990 : Milosevic, Ratko Mladic, Radovan Karadzic, Milan Babic…
What remains ?
After such a disaster, a multi-ethnic communist country disappearing amid the most violent war after WW2 in Europe, what could remain for people who witnessed both the breakup and the war ? It’s time to go back to my discovery, during my 20s, of Yugoslavian songs. The fact is that many people, old and also young too, are proud in some way of their Yugoslavian “heritage”. A phenomenon called “Yugo-nostalgia”. It’s the equivalent of what we can find in several ex-communist countries. The best example being “Ostalgia” : nostalgia for East-Germany. One of the key issues regarding “Yugo-nostalgia” is what could be celebrated by everyone without reactivating any kind of conflict ? The breakup and following wars were so brutal that it’s difficult. Two things seem to have been acceptable for everyone : Tito and music.
Après une telle catastrophe, la disparition d’un pays communiste multiethnique au milieu de la guerre la plus violente depuis la Seconde Guerre mondiale en Europe, que pouvait-il rester aux personnes qui avaient été témoins à la fois de l’éclatement et de la guerre ? Il est temps de revenir à ma découverte, à l’âge de 20 ans, des chansons yougoslaves. Le fait est que beaucoup de gens, jeunes et moins jeunes, sont fiers d’une certaine manière de leur « héritage » yougoslave. Un phénomène appelé « Yugo-nostalgie ». C’est l’équivalent de ce que l’on peut trouver dans plusieurs anciens pays communistes. Le meilleur exemple étant « Ostalgie » : la nostalgie de l’Allemagne de l’Est. L’une des questions clés concernant la « Yugo-nostalgie » est de savoir ce qui pourrait être célébré par tous sans réactiver aucun type de conflit ? L’éclatement et les guerres qui ont suivi ont été si brutaux que c’est difficile. Deux choses semblent avoir été acceptables pour tout le monde : Tito et la musique.
It’s difficult for people living in ex-Yugoslavian republics to contest/challenge the importance of Tito : he freed the country from the Nazis during WW2. That’s probably why Yugoslavia stayed united so long during his tenure, he was a symbol of national unity.
Il est difficile pour les habitants des anciennes républiques yougoslaves de contester l’importance de Tito : il a libéré le pays des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est probablement pour cette raison que la Yougoslavie est restée unie si longtemps pendant son mandat, il était un symbole de l’unité nationale.

Music is something that was popular — and still is — for people in ex-Yugoslavia. Because of the “third-way” path chosen by the country, several genres were introduced like rock, new wave, reggae… Several records were created to promote local artists. The most famous were Jugoton, PGP-RTB and Diskoton.
La musique était — et reste — très populaire auprès des habitants de l’ex-Yougoslavie. En raison de la « troisième voie » choisie par le pays, plusieurs genres ont fait leur apparition, tels que le rock, la new wave, le reggae… Plusieurs labels ont été créés afin de promouvoir les artistes locaux. Les plus célèbres étaient Jugoton, PGP-RTB et Diskoton.

The era witnessed the emergence of several cult-bands as far as today. We can mention VIS Idoli (pop), Bijelo Dugme (Rock) and Time (Rock too..)
Cette époque a vu l’émergence de plusieurs groupes cultes encore populaires aujourd’hui. On peut citer VIS Idoli (pop), Bijelo Dugme (rock) et Time (rock également).

Yugoslavia was also a participant from 1961 to 1992, and was represented 27 times. Yugoslavia won the contest in 1989 and hosted in 1990. The 1989 contest was won with the song “Rock me” by the Croatian band “Riva”. The public was so demanding for this new kind of music and bands that several compilations were released at the time : Paket aranžman (Jugon, 1981) — new wave — Novi Punk Val (ZKP RTLJ, 1981) — punk rock — and Artistička radna akcija (1981, Jugoton) — new wave and punk rock.
La Yougoslavie a également participé au concours de 1961 à 1992, et a été représentée à 27 reprises. Elle a remporté le concours en 1989 et l’a accueilli en 1990. Le concours de 1989 a été remporté par la chanson « Rock me » du groupe croate « Riva ». Le public était tellement demandeur de ce nouveau genre musical et de ces nouveaux groupes que plusieurs compilations ont été publiées à l’époque : Paket aranžman (Jugon, 1981) — new wave — Novi Punk Val (ZKP RTLJ, 1981) — punk rock — et Artistička radna akcija (1981, Jugoton) — new wave et punk rock.

But whatever could be saved from this common past, it’s difficult to erase the horror of what was done after the breakup of Yugoslavia. The dream of reunification is something totally absent in the mind of most people in the region.
Mais quoi que l’on puisse sauver de ce passé commun, il est difficile d’effacer l’horreur de ce qui a été fait après l’éclatement de la Yougoslavie. Le rêve de réunification est totalement absent de l’esprit de la plupart des habitants de la région.
As expressed in the chorus of a VIS Idoli song: ‘Tiho, tiho, tiho — Silence, Silence, Silence.’
Comme l’exprime le refrain d’une chanson de VIS Idoli : « Tiho, tiho, tiho — Silence, Silence, Silence. »

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