Simon CHABROL

Écriture et recherche indépendante (FR/EN)

Technicien de support IT

Some sort of a reflective essay over the movie Threads (1984) by Mick Jackson, which was the topic of a three-essays series on my side you can find on Medium too. That’s a continuation of the chapter “Testament of the “rump state” founders” from the essay “UK 1985–1994 : explaining the narrative jump in Threads (1984)”. That’s some sort of an epilogue : to give parole to the “rump state” funders, survivors, farmers, soldiers, women, children, men… and me too. When you spend so much time on such a difficult topic, it’s difficult to conclude. This epilogue is my conclusion — a personal one.

To understand several concepts and ideas described here, you can read the following essays :


Une sorte d’essai réflexif sur le film Threads (1984) de Mick Jackson, qui était le sujet d’une série de trois essais de ma part que vous pouvez également trouver sur Medium. Il s’agit de la suite du chapitre « Testament des fondateurs de l’État résiduel » de l’essai « Royaume-Uni 1985–1994 : expliquer le saut narratif dans Threads (1984) ». Il s’agit en quelque sorte d’un épilogue : donner la parole aux fondateurs de l’« État résiduel », aux survivants, aux agriculteurs, aux soldats, aux femmes, aux enfants, aux hommes… et à moi aussi. Quand on passe autant de temps sur un sujet aussi difficile, il est difficile de conclure. Cet épilogue est ma conclusion, une conclusion personnelle.

Pour comprendre plusieurs concepts et idées décrits ici, vous pouvez lire les essais suivants :

All images were generated with ChatGTP. Toutes les images ont été générées avec ChatGTP.

Colin — Ex-officer of the British army

— Ex-officier de l’armée Britannique

— Somewhere in what was the East of England — Quelque part dans ce qui était l’Est de l’Angleterre —

Like everyone else, we experienced 1984 (the year dubbed “the year of the fireballs” by some survivors), the iniquity of the subsequent “work-for-food” program, which we implemented willy-nilly despite its obvious moral issues and unfairness, the efforts in the East of England and the catastrophic crisis a year after the attack. It would be dishonest to say that we acted out of generosity or kindness. We were in the same situation as the other survivors. So we did it primarily for ourselves (we had to eat and survive too), and indirectly for others. Perhaps our only “good deed” was to have coordinated the efforts needed to save these key agricultural areas after the attack, to have saved what could be saved from the harvest in 1984 (seeds, livestock and tools) and to have perhaps been able to constitute ourselves as new authorities for many people in order to organise what was needed for the 1985 harvest and subsequent ones. We had to organise a huge collective effort so that everyone worked and received instructions to produce food and enable us to get out of these desperate times in March-May 1985. Despite our faults and mistakes in 1984–1985, we were like everyone else all that time. We had to carry out absurd orders, but we had the same material difficulties as the others. We also had to work in the fields like the others during that long decade and learn to walk again too. We are clear about what many survivors think of us : the remnants of a fallen state, with whom we have to work with in spite of everything. Food and agricultural stability, a school, a hospital and street lighting in some places will not change the mistakes we made in 1984–1985.


Nous avons connu comme les autres l’année 1984 (celle surnommée “l’année des boules de feu” par certains survivants), l’iniquité du programme “nourriture-contre-travail” qui s’en est suivi que nous avons appliqué bon gré mal gré et en dépit des problèmes moraux évidents, les efforts dans l’Est de l’Angleterre et la crise catastrophique un an après l’attaque. Il serait malhonnête de dire que nous avons agit par générosité ou esprit de cœur. Nous étions dans la même situation que les autres survivants. Nous l’avons donc fait d’abord pour nous-même (nous devions manger et survivre), et indirectement pour les autres. Notre seule “bonne action” peut-être est d’avoir coordonné les efforts nécessaires à la sauvegarde de ces régions agricoles clés après l’attaque, d’avoir sauvé ce qui pouvait l’être de la récolte en 1984, des semences, du bétail et des outils; et d’avoir peut-être pu constituer pour de nombreuses personnes le seul relai d’autorité valable de façon à organiser ce qui devait l’être en 1985 pour les prochaines récoltes. Il fallait organiser un immense effort collectif pour que tout le monde travaille et reçoive des consignes pour produire les fruits de la terre et nous permettre de nous sortir de cette mauvaise passe en Mars-Mai 1985. Malgré nos torts et erreurs en cette année 1984–1985, nous étions au contact direct des autres tout ce temps là. Nous devions appliquer des ordres absurdes mais nous avions les mêmes difficultés matérielles que les autres. Nous avons également dû travailler aux champs comme les autres pendant cette longue décennie et réapprendre à marcher. Nous sommes lucides sur ce que de nombreux survivants pensent de nous : les vestiges d’une autorité et d’un État déchu; avec lesquels il faut travailler malgré tout. La stabilité alimentaire et agricole, une école, un hôpital ou encore l’éclairage de rue dans certains endroits ne changeront rien à nos erreurs et fautes de l’année 1984–1985.

Jamie — The big brother

— Le grand frère

— In front of the North Sea — Face à la Mer du Nord —

I was born in 1982, my brother a bit later. We were too young to remember. Our parents told us that Scotland was relatively preserved and set apart some military bases, Edinburgh and Glasgow; few things were destroyed. Our parents explained to us that we were lucky because of the cereals : Scotland is well-known for barley. Cereals were vital after the nuclear attack, and Scotland was part of a plan at national level to save the agricultural system. Our fate was better than several regions of the West of England. One night, I heard my parents speaking quietly in their room of the events in Cumbria : violence, complete breakup of order even rumors of cannibalism — a word I can’t understand for a long time until I found a dictionary — My mother was crying, while my father was talking gently to her. We are too young to work, we wander in front of the North Sea when our parents are not at home.


Je suis né en 1982, mon frère un peu plus tard. Nous étions trop jeunes pour nous en souvenir. Nos parents nous ont dit que l’Écosse avait été relativement épargnée, à l’exception de quelques bases militaires, Édimbourg et Glasgow ; peu de choses avaient été détruites. Nos parents nous ont expliqué que nous avions eu de la chance grâce aux céréales : l’Écosse est réputée pour son orge. Les céréales étaient vitales après l’attaque nucléaire, et l’Écosse faisait partie d’un plan national visant à sauver le système agricole. Notre sort était meilleur que celui de plusieurs régions de l’ouest de l’Angleterre. Une nuit, j’ai entendu mes parents parler à voix basse dans leur chambre des événements qui se déroulaient dans le comté de Cumbria : violence, effondrement total de l’ordre public, voire rumeurs de cannibalisme — un mot que je n’ai pas compris pendant longtemps, jusqu’à ce que je trouve un dictionnaire. Ma mère pleurait, tandis que mon père lui parlait doucement. Nous sommes trop jeunes pour travailler, nous errons devant la mer du Nord lorsque nos parents ne sont pas à la maison.

Debbie — The textile worker

— L’ouvrière textile

— Near Leeds —Près de Leeds —

The job is not easy, but heh, that’s what I got and I’m pretty happy in fact. I’ve been fond of clothing and textiles since I was young. The workshop is calm, setting aside the sewing machines noise. Most of the time, we are producing simple clothes and revamping soldiers’ uniforms. We received the visit, a few days ago, from some officials : some soldiers with another person. They give us a few words, and remind us of the collective task to rebuild the country. They praised us as the “sewing girls”.


Le travail n’est pas facile, mais bon, c’est ce que j’ai et je suis plutôt contente en fait. J’aime les vêtements et les textiles depuis que je suis jeune. L’atelier est calme, mis à part le bruit des machines à coudre. La plupart du temps, nous fabriquons des vêtements simples et réparons des uniformes de soldats. Il y a quelques jours, nous avons reçu la visite de quelques responsables : des soldats accompagnés d’une autre personne. Ils nous ont adressé quelques mots et nous ont rappelé la tâche collective qui nous attend pour reconstruire le pays. Ils nous ont félicitées en nous appelant les « sewing girls».

Mick — The young boy

— Le jeune homme

— Littleport —

I was born in 1980. I barely remembered anything from this period apart from one moment when I saw my mother crying and arguing with a soldier after the nuclear attack. The country was in total chaos during the summer 1985 as I remembered : gunfights in the streets (me and my mother relocated from Chesterfield to a village in what was the Lincolnshire), riots over food depots, soldiers and farmers arguing over fuel and need for coordination… The attack was horrendous, but the summer 1985 was far more horrifying. Later, in 1987, my mother explained to me that after the attack, what remained of the UK central government set up a program called the “work-for-food”. Everyone got food but special rations were given to workers. The system was unequal and broke down after the nuclear winter, and the poor 1984 harvest. The complete collapse of the country was avoided by an unexpected collective effort to save the 1985 harvest — improved by better sunflights following the dilution of the nuclear winter effects. Unexpectedly — as explained by my mother — some fuel was available for the 1985 harvest thanks to the restarting of Wytch farm or North sea oil fields. It was possible to run vehicles, especially the big combine harvesters. Everyone had to work in the field during the summer this year and the next one — me too. The following years, schools like this one were set up in the most populated and useful areas where recovery efforts were continued.


Je suis né en 1980. Je ne me souviens pratiquement pas de cette période, à part un moment où j’ai vu ma mère pleurer et se disputer avec un soldat après l’attaque nucléaire. Le pays était en proie au chaos total pendant l’été 1985, comme je m’en souviens : des fusillades dans les rues (ma mère et moi avons quitté Chesterfield pour nous installer dans un village du Lincolnshire), des émeutes autour des dépôts alimentaires, des soldats et des agriculteurs qui se disputaient au sujet du carburant et de la nécessité de se coordonner… L’attaque a été horrible, mais l’été 1985 a été bien plus terrifiant. Plus tard, en 1987, ma mère m’a expliqué qu’après l’attaque, ce qui restait du gouvernement central britannique avait mis en place un programme appelé « travail contre nourriture ». Tout le monde recevait de la nourriture, mais des rations spéciales étaient accordées aux travailleurs. Le système était inégalitaire et s’est effondré après l’hiver nucléaire et la mauvaise récolte de 1984. L’effondrement complet du pays a été évité grâce à un effort collectif inattendu pour sauver la récolte de 1985, améliorée par un meilleur ensoleillement suite à la dilution des effets de l’hiver nucléaire. De manière inattendue, comme l’a expliqué ma mère, une partie du carburant a pu être utilisée pour la récolte de 1985 grâce au redémarrage de la ferme Wytch ou des champs pétrolifères de la mer du Nord. Il était possible de faire fonctionner des véhicules, en particulier les grandes moissonneuses-batteuses. Tout le monde a dû travailler dans les champs pendant l’été de cette année-là et l’année suivante, moi y compris. Les années suivantes, des écoles comme celle-ci ont été créées dans les zones les plus peuplées et les plus utiles, où les efforts de reconstruction se sont poursuivis.

Rebecca — Schoolgirl

— L’écolière

— Classroom —Salle de classe —

We discussed today — as part of a class — the topic of identity with the new flag designed to promote a new national vision : 1/3 for the coal and 2/3 for the fields. The Union Jack is still used in some places but many people are now using the new flag. It was designed to be apolitical.


Nous avons discuté aujourd’hui, dans le cadre d’un cours, du thème de l’identité avec le nouveau drapeau conçu pour promouvoir une nouvelle vision nationale : 1/3 pour le charbon et 2/3 pour les champs. L’Union Jack est toujours utilisé dans certains endroits, mais beaucoup de gens utilisent désormais le nouveau drapeau. Il a été conçu pour être apolitique.

Graham — Suffolk farmer

— Le fermier de Suffolk

— Suffolk —

Like everyone else in Suffolk : I was desperate and clueless in March 1985. The “work-for-food” program was disbanded. We were unable to know if fuel was going to be provided in the meantime. I had like the other farmers to manage and calm down desperate urban refugees who relocated themselves in the countryside. It was extremely difficult : traumatized people needed to be trained on agricultural and urgent tasks. We have done our best. But I was not alone, thanks to my wife. Without her, the burden would have been too much. We finally managed to plant seeds in 1984, but combine harvesters were requested for June 1985. What occurred was unexpected : soldiers merged with us given the complete lack of guidance from the CGWHQ (Central Government War Headquarters). They were desperate too, but able to coordinate with other regions through their own hierarchy. It was a painful process amid food riots, famine and violence; but the harvest was saved with the help of everyone (children, women, some elderly too…).


Comme tout le monde dans le Suffolk, j’étais désespéré et désemparé en mars 1985. Le programme « travail contre nourriture » avait été supprimé. Nous ne savions pas si du carburant allait être fourni entre-temps. Comme les autres agriculteurs, je devais gérer et calmer les réfugiés urbains désespérés qui s’étaient installés à la campagne. C’était extrêmement difficile : ces personnes traumatisées devaient être formées à des tâches agricoles et urgentes. Nous avons fait de notre mieux. Mais je n’étais pas seul, grâce à ma femme. Sans elle, le fardeau aurait été trop lourd à porter. Nous avons finalement réussi à semer en 1984, mais des moissonneuses-batteuses ont été demandées pour juin 1985. Ce qui s’est passé était inattendu : les soldats se sont joints à nous, compte tenu de l’absence totale d’instructions de la part du CGWHQ (quartier général central du gouvernement en temps de guerre). Ils étaient eux aussi désespérés, mais capables de se coordonner avec d’autres régions grâce à leur propre hiérarchie. Ce fut un processus douloureux, marqué par des émeutes alimentaires, la famine et la violence, mais la récolte a été sauvée grâce à l’aide de tous (enfants, femmes, quelques personnes âgées aussi…).

Susan — Tyne and Wear farmer

— Fermière du Tyne and Wear

— Tyne and Wear —

Tyne and Wear — or what remains of it — is on the East Coast. The old county is crossed by people and vehicles moving between Scotland and Suffolk. Every Monday on an old road, we have our improvised open market for animals and grains. I’m one of the few farmers still alive — and working — in the region thanks to living close to the East coast. I learned that it was difficult for a long time in several western counties. “Animals-for-grains” is the new informal agreement to maintain some kind of national unity after the collapse of the “work-for-food” program : an East-West counties exchange between the cereal plains and the pastures. Fuel, machinery and tools are exchanged with others. People travel too sometimes.


Tyne and Wear, ou ce qu’il en reste, se trouve sur la côte est. L’ancien comté est traversé par des personnes et des véhicules qui se déplacent entre l’Écosse et le Suffolk. Chaque lundi, sur une vieille route, nous tenons notre marché improvisé où nous vendons des animaux et des céréales. Je suis l’un des rares agriculteurs encore en vie — et encore en activité — dans la région, grâce à ma proximité avec la côte est. J’ai appris que la situation était difficile depuis longtemps dans plusieurs comtés de l’ouest. « Des animaux contre des céréales » est le nouveau accord informel visant à maintenir une certaine unité nationale après l’effondrement du programme « du travail contre de la nourriture » : un échange entre les comtés de l’est et de l’ouest, entre les plaines céréalières et les pâturages. Le carburant, les machines et les outils sont échangés avec d’autres. Les gens voyagent aussi parfois.

Stanley — Reminder of the past

— Souvenir du passé

— Coningsby —

Sometimes, I like to discuss with old villagers. They do remember a lot of things from the “past world” : before 26 May 1984. They remembered a lot of things from this irrevocably lost past : general elections, TV advertisements for Christmas, tourists in the countryside during the summer… What do we have now ? Of course, things are going better, but life can’t be what it was before : too many people died, too many things were destroyed, we nearly lost control of the country after the collapse of the “work-for-food” program… Life goes on of course, but what we got always reminds us of what was lost.


Parfois, j’aime discuter avec les anciens du village. Ils se souviennent de beaucoup de choses du « monde d’avant » : avant le 26 mai 1984. Ils se souviennent de beaucoup de choses de ce passé irrémédiablement perdu : les élections générales, les publicités télévisées pour Noël, les touristes à la campagne pendant l’été… Qu’avons-nous aujourd’hui ? Bien sûr, les choses vont mieux, mais la vie ne peut plus être ce qu’elle était avant : trop de gens sont morts, trop de choses ont été détruites, nous avons failli perdre le contrôle du pays après l’effondrement du programme « travail contre nourriture »… La vie continue, bien sûr, mais ce que nous avons aujourd’hui nous rappelle toujours ce que nous avons perdu.

? — The anonymous witness

— Le témoin anonyme

— Amid chaos —Au milieu du chaos —

It was a total nightmare…. I don’t want to remember these times : people were desperate, grains were here but no vehicles were available to transport them, no orders were available from the authorities, I was alone with no news of my girlfriend…When the “work-for-food” program collapsed, we were literally alone against the civilians. I don’t want to discuss it anymore…

C’était un véritable cauchemar… Je ne veux pas me souvenir de cette période : les gens étaient désespérés, il y avait des céréales, mais aucun véhicule pour les transporter, aucune consigne de la part des autorités, j’étais seul, sans nouvelles de ma petite amie… Lorsque le programme « travail contre nourriture » s’est effondré, nous nous sommes retrouvés littéralement seuls face aux civils. Je ne veux plus en parler…

Margaret and Alice — The two sisters

— Les deux soeurs

— Near Kirton — Près de Kirton

People forgot prayers after the war. Too much pain. Too many losses. We lost our parents in the year following the attack. The new authorities after the events were reluctant to set up monuments to honor the dead. They had to focus the energy of everyone on the rebuilding of the country, its agriculture and trust between people. In our village, we were allowed to set up a cross for them in the outskirts of the village. We think of our beloved parents, and sometimes of the others too. Like everyone else, our life is quite simple : I work in the local textile workshop, and my sister is requested to assist the farmers for agricultural tasks.


Après la guerre, les gens ont oublié les prières. Trop de souffrances. Trop de pertes. Nous avons perdu nos parents dans l’année qui a suivi l’attaque. Les nouvelles autorités mises en place après les événements étaient réticentes à ériger des monuments pour honorer les morts. Elles devaient concentrer l’énergie de tous sur la reconstruction du pays, son agriculture et la confiance entre les gens. Dans notre village, nous avons été autorisés à ériger une croix en leur mémoire à la périphérie du village. Nous pensons à nos parents bien-aimés, et parfois aussi aux autres. Comme tout le monde, notre vie est assez simple : je travaille dans l’atelier textile local et ma sœur est sollicitée pour aider les agriculteurs dans leurs tâches agricoles.

Deborah — The lone woman

— La femme seule

— Lincolnshire —

I can’t remember the exact day, but I do remember what I saw. In my village, everything was quite fine despite the nuclear attack. Few refugees, good food stock, calm… Everything was relatively peaceful. I witnessed the convoy while walking alone. Soldiers, trucks, some civilians and more especially jerricans. I learned later that day that all these people were part of the national emergency plan to save the countryside, and more especially, the 1984 harvest. The following weeks : we witnessed more trucks, people, soldiers, vehicles… Refugees were coming too while the village stayed relatively peaceful even in 1985. We were part of the most strategic region after the nuclear attack, our fate was far better than elsewhere.


Je ne me souviens pas du jour exact, mais je me souviens de ce que j’ai vu. Dans mon village, tout allait bien malgré l’attaque nucléaire. Peu de réfugiés, de bonnes réserves alimentaires, le calme… Tout était relativement paisible. J’ai vu le convoi alors que je marchais seul. Des soldats, des camions, quelques civils et surtout des jerricans. J’ai appris plus tard dans la journée que toutes ces personnes faisaient partie du plan d’urgence national visant à sauver les campagnes, et plus particulièrement la récolte de 1984. Les semaines suivantes, nous avons vu passer davantage de camions, de personnes, de soldats, de véhicules… Des réfugiés sont également arrivés, mais le village est resté relativement paisible, même en 1985. Nous faisions partie de la région la plus stratégique après l’attaque nucléaire, notre sort était bien meilleur qu’ailleurs.

Gary — Soldier and witness

— Soldat et témoin

— Sheffield —

Nothing much left after the attack and looting. But humorously, all these big cities are nice places for people who want to be alone and think. Today, I’m assisting a woman and her boy, in search of an old place. They need something from the past to remind a husband and a father.


Il ne reste plus grand-chose après les attaques et les pillages. Mais, ironiquement, toutes ces grandes villes sont des endroits agréables pour ceux qui veulent être seuls et réfléchir. Aujourd’hui, j’aide une femme et son fils à trouver un endroit ancien. Ils ont besoin d’un souvenir du passé pour se remémorer un mari et un père.

Alice — The despaired mother

— La mère désespérée

— South West England —Sud-Ouest de l’Angleterre

When the “work-for-food” program collapsed in South West England, my nerves broke down. I lived at the time with my husband, Jimmy — my son — and his sister Jessica. The times were difficult. We lived at the time in Cornwall — the remotest part of the United Kingdom. It soon became a nightmare around us. People in the village were generous at the beginning but violence broke out. The region barely received food and supplies at the time. Soldiers and policemen were not strong enough to maintain order. We stayed long nights within the house, hearing fights and brawls on the outside. The region was not part of the key areas identified for recovery. Luckily one day, we were contacted by friends living in a not-so-far-away village. They took us with them.


Lorsque le programme « travail contre nourriture » s’est effondré dans le sud-ouest de l’Angleterre, j’ai craqué nerveusement. À l’époque, je vivais avec mon mari, Jimmy, mon fils et sa sœur Jessica. Les temps étaient durs. Nous vivions alors en Cornouailles, la région la plus reculée du Royaume-Uni. Notre quotidien est rapidement devenu un cauchemar. Au début, les habitants du village étaient généreux, mais la violence a éclaté. La région recevait à peine de la nourriture et des provisions à l’époque. Les soldats et les policiers n’étaient pas assez nombreux pour maintenir l’ordre. Nous passions de longues nuits à l’intérieur de la maison, entendant les bagarres et les disputes à l’extérieur. La région ne faisait pas partie des zones clés identifiées pour la reconstruction. Heureusement, un jour, des amis vivant dans un village non loin de là nous ont contactés. Ils nous ont emmenés avec eux.

Trevor — Soldier

— Soldat

— Ferrybridge Coal Power Plant —La centre à charbon de Ferrybridge —

For unknown reasons to us : the Ferrybridge Coal Power Plant was not targeted during the attack on 26 May 1984 by the Soviet Union. It was some kind of hope for us. We needed electricity, even to restart a small and local power grid. One day, we headed toward the power plant with engineers to assist them in the restarting of the coal power plant.


Pour des raisons qui nous sont inconnues, la centrale à charbon de Ferrybridge n’a pas été prise pour cible lors de l’attaque menée par l’Union soviétique le 26 mai 1984. Cela représentait une sorte d’espoir pour nous. Nous avions besoin d’électricité, ne serait-ce que pour redémarrer un petit réseau électrique local. Un jour, nous nous sommes rendus à la centrale avec des ingénieurs afin de les aider à redémarrer la centrale à charbon.

Nigel — RSG coordinator

— Coordinateur d’un RSG

— In an RSG’s bunker —Dans un bunker du RSG —

When the central government started to collapse, we were still in a hurry to coordinate with the others for the upcoming 1985 harvest. Speaking of “chaos” is even an euphemism. We were in our bunker trying to centralize all requests and dispatch orders with a major risk of a complete breakdown of any form of authority. Farmers were requesting fuel, soldiers orders and guidance, civilians were hungry and despaired, collective programs were collapsing… It took hours and hours of discussions to finally conclude an agreement with local authorities and what remained of the British armed forces to push everyone in the right directions : emergency food, fuel routing to the countryside, designation of local leaders to coordinate the efforts…


Lorsque le gouvernement central a commencé à s’effondrer, nous étions encore pressés de nous coordonner avec les autres pour la récolte de 1985 qui approchait. Parler de « chaos » est même un euphémisme. Nous étions dans notre bunker, essayant de centraliser toutes les demandes et d’envoyer des ordres, avec un risque majeur de voir toute forme d’autorité s’effondrer complètement. Les agriculteurs réclamaient du carburant, les soldats des ordres et des directives, les civils avaient faim et étaient désespérés, les programmes collectifs s’effondraient… Il a fallu des heures et des heures de discussions pour enfin conclure un accord avec les autorités locales et ce qui restait des forces armées britanniques afin de pousser tout le monde dans la bonne direction : aide alimentaire d’urgence, acheminement de carburant vers les campagnes, désignation de responsables locaux pour coordonner les efforts…

? — Inside a boat

— Dans un bateau

— North Sea — Mer du Nord —

The government was clear after the nuclear attack : whether Wytch Farm or the North Sea. I never got the result of the match but from what I understand today : it was the North Sea.


Après l’attaque nucléaire, le gouvernement a été clair : ce serait soit Wytch Farm, soit la mer du Nord. Je n’ai jamais eu le résultat du match, mais d’après ce que je comprends aujourd’hui, c’était la mer du Nord.

Richard — Rutland journalist

— Journaliste du comté de Rutland

— Rutland —

I was a journalist before the war. The first time I was tasked to work on the “Hoe Farming” magazine : I thought of a joke. It proved useful in fact. Moreover, it was a necessity : fuel was made available after the attack, but a solution had to be found to use it only for specific cases (like cereals). The hoe comes in handy for several products : potatoes, sugar beets, carrots… One man jokingly told me that this year, we should expect advertisements for children’s Christmas gifts : “Got your magical-hoe”.


J’étais journaliste avant la guerre. La première fois qu’on m’a confié la rédaction du magazine « Hoe Farming » (l’agriculture à la houe), j’ai pensé à une blague. Cela s’est avéré utile en fait. De plus, c’était une nécessité : du carburant était disponible après l’attaque, mais il fallait trouver une solution pour ne l’utiliser que dans des cas spécifiques (comme les céréales). La houe est pratique pour plusieurs produits : pommes de terre, betteraves sucrières, carottes… Un homme m’a dit en plaisantant que cette année, nous devrions nous attendre à voir des publicités pour les cadeaux de Noël des enfants : « Achetez votre houe magique ».

Simon — The author

— L’auteur

— At home — A la maison —

I watched Threads for the first time in 2024. I was shocked by the sense of normalcy in the movie. Mick Jackson seemed happy to film the complete collapse of everything : from human dignity to the food distribution system. It was not acceptable. Something had to be done : the hope was found in agriculture. The topic is totally missed by the movie — something deeply ironic for a movie labeled as the “most realistic” of all time, and for a movie claiming in its own narrative a surviving population of 11 million people ten years after the attack in the United Kingdom. Agriculture is the basis of human life : food. And with an agricultural system, even as basic as possible following a nuclear war, hope can find its way. I quickly spotted one character : Jane. I even got a poster of her — the textile factory scene. The character was critical regarding my motivation to write the essays : I do feel unconsciously a connection with her — something I explored in the essay “Jane and I — A fictional alter ego” — and I do believe the movie (and critics) were unfair to her. I wrote for her, and the survivors of the movie. I also wrote because I do believe that after a disaster of any kind : everyone deserves a chance to bounce back again. Whether it’s an individual person or a whole country.


J’ai vu Threads pour la première fois en 2024. J’ai été choqué par le sentiment de normalité qui se dégageait du film. Mick Jackson semblait heureux de filmer l’effondrement complet de tout : de la dignité humaine au système de distribution alimentaire. C’était inacceptable. Il fallait faire quelque chose : l’espoir se trouvait dans l’agriculture. Le film passe complètement à côté de ce sujet, ce qui est profondément ironique pour un film qualifié de « plus réaliste » de tous les temps et qui prétend dans son propre récit qu’il reste 11 millions de survivants dix ans après l’attaque au Royaume-Uni. L’agriculture est la base de la vie humaine : la nourriture. Et avec un système agricole, même aussi rudimentaire que possible après une guerre nucléaire, l’espoir peut trouver son chemin. J’ai rapidement repéré un personnage : Jane. J’ai même obtenu une affiche d’elle, celle de la scène de l’usine textile. Ce personnage a joué un rôle déterminant dans ma motivation à écrire ces essais : je ressens inconsciemment un lien avec elle — ce que j’ai exploré dans l’essai « Jane et moi — Un alter ego fictif » — et je pense que le film (et les critiques) ont été injustes envers elle. J’ai écrit pour elle et pour les survivants du film. J’ai également écrit parce que je crois sincèrement qu’après une catastrophe, quelle qu’elle soit, tout le monde mérite une chance de se relever. Qu’il s’agisse d’un individu ou d’un pays tout entier.

Jane and I

— Jane and Moi

— Somewhere in what was the East of England — Quelque part dans ce qui était l’Est de l’Angleterre —

It was my dream when I finished my three-essays series : walking with Jane — my favorite fictional character — to discuss her fate, hopes and life; things the movie never thinks of. Nothing else could have made me more happy than knowing — after so much work — that her and all the survivors could find safety in a simple project : converting the United Kingdom into an agrarian state focused on the East coast from Suffolk in England, to Aberdeen in Scotland.


C’était mon rêve lorsque j’ai terminé ma série de trois essais : marcher un jour avec Jane, mon personnage fictif préféré, pour discuter de son destin, de ses espoirs et de sa vie, des choses auxquelles le film ne pense jamais. Rien n’aurait pu me rendre plus heureux que de savoir, après tant de travail, qu’elle et tous les survivants pouvaient trouver la sécurité dans un projet simple : convertir le Royaume-Uni en un État agraire centré sur la côte est, du Suffolk en Angleterre à Aberdeen en Écosse.

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